









Reference Frequencies
1.01 Reference Frequencies # 3 (3:25)
1.02 6:15 (8:04)
1.03 Recording The Jürg Mager Trio: La Luna (4:18)
1.04 Recording The Jürg Mager Trio: A Shortcut To The Stars (5:49)
1.05 Reference Frequencies # 7 (10:33)
1.06 Reference Frequencies # 8 (6:39)
1.07 Reference Frequencies # 5 (1:30)
1.08 Dora 3 (5:01)
Treetop Drive
2.01 Treetop Drive 1 (14:51)
2.02 Treetop Drive 2 (9:35)
2.03 Treetop Drive 3 (9:32)
2.04 Towboat (18:12)
Imaginary Songs From Tristan Da Cunha
3.01 Burntwood (2:20)
3.02 Stony Beach (2:19)
3.03 Hotentott Gulch (1:51)
3.04 Boatharbour Bay (2:09)
3.05 The Contraceptive Briefcase II (30:38)
Morals And Dogma
4.01 Tron (11:07)
4.02 Dead People's Things (18:35)
4.03 Orgone Donor (8:05)
4.04 Cloudchamber (11:02)
Actif depuis le début des années 90, Helge Sten aka Deathprod est devenu un personnage incontournable de la scène musicale norvégienne. Outre la fondation du quartet Supersilent en 1997 et ses participations chez Motorpsycho, Helge Sten a parallèlement multiplié les travaux de production (Food, Arve Henriksen, Susanna & The Magical Orchestra...) ainsi que les collaborations (Biosphere, Sidsel Endresen...) et les remixes (Arne Nordheim, Nils Petter Molvaer, Murcof...). Une carte de visite déjà bien étoffée pour ce trentenaire qui aura par ailleurs considérablement contribué au développement de Rune Grammofon, label qui lui consacre ce coffret de quatre albums dont le titre aurait pu être "2004: A Deathprod Odyssey". Que l'on ne se méprenne pas, son outil de travail, baptisé "audio virus", n'a rien d'un HAL 9000 désobéissant, mais ce boxset noir, austère, immuable et mystérieux se confondrait aisément avec le fameux monolithe de Kubrick. D'un point de vue purement musical, on notera que si Deathprod évolue principalement dans un registre dark ambient, ses compositions dévoilent certaines similitudes avec celles de György Ligeti sur Lux Aeterna (justement utilisé dans "2001: A Space Odyssey"), et plus précisément dans cette fascination commune pour le silence sidéral, ainsi que dans la recherche de la profondeur abyssale.
A travers une série de raretés, d'inédits et des rééditions d'albums (aujourd'hui épuisés), ce coffret retrace le cheminement d'Helge Sten sur une période de dix ans, jusqu'à sa concrétisation: Morals & Dogma, le dernier album en date de Deathprod. Le livret, agrémenté des liner notes de Julian Cowley, met en avant le parcours et la philosophie d'Helge Sten, révélant tout d'abord que son passage du statut de technicien à celui de musicien a constitué une véritable révélation pour mettre la "théorie" au service du son et des émotions. Par la suite, Sten saisit l'importance capitale de l'ouïe et cerne ses possibilités démesurées, bien au delà justement de la seule notion d'audition, puisqu'il y découvrira comment ce sens peut en stimuler d'autres: engendrer la visualisation d'un monde entièrement fictif, provoquer virtuellement les sensations du toucher par un travail poussé sur les vibrations et les textures. Sur ces bases, Deathprod développe alors une formule (la dernière phrase des liner notes propose "an invitation to listen, to see, to feel and grow") que l'on retrouve tout au long de ces trois heures d'enregistrements: partir d'un élément aussi riche que compact, puis le transformer afin d'en ressortir des facettes cachées et permettre l'émergence de niveaux de lecture initialement insoupçonnés. L'approche est minutieuse, elle évolue au gré de variations microscopiques, tout en suivant le fil d'une cinématique de haute précision.
Le premier disque regroupe une partie des Reference Frequencies, ces premiers enregistrements (1991) d'ores et déjà indicateurs des grands principes de la musique de Deathprod : des boucles superposées qui demeurent statiques ou sont modifiées à chaque itération, parfois jusqu'à leur désintégration. Ces quatre titres dégagent une atmosphère volcanique où les nappes assemblées par Sten menacent d'imploser. Cette approche relativement incisive tendra à perdre en agressivité au fil des années, comme en témoigne la piste Dora 3, judicieusement placée en dernière position. Enregistré en 1997, ce titre délaisse les éléments noisy des Reference Frequencies pour miser sur des aspects plus tendus, opérés par le violon d'Ole Henrik Moe : une empreinte indélébile sur le son de Deathprod, comme le montreront les compositions suivantes. Le reste du disque est complété par deux "curiosités" : dans un premier temps, le morceau 6:15 voit les spoken words morcelés de Matt Burt se déposer sur un travail minimal de Sten dans un esprit assez proche de Cage/Tudor (Indeterminacy), puis, dans un second temps, deux titres (Recording the Jürg Mager Trio) où les oscillations de Deathprod sont associées à une batterie et aux mélodies jouées par des percussions et un orgue Hammond. Sans être désagréables à l'écoute, ces deux morceaux qui évoquent un Sagor & Swing en moins enjoué (en moins recherché, aussi), demeurent cependant assez anecdotiques tant ils peinent à trouver leur place au sein de ce coffret glacé.
Les prémices du concept de Helge Sten ayant été révélés sur Reference Frequencies, c'est avec l'album Treetop Drive (1993-1994) que l'on entre dans le vif du sujet: le côté abrupt s'est quelque peu effacé au profit d'une tension omniprésente et parallèlement le son s'est considérablement affiné. Les trois pistes Treetop Drive constituent un exercice de style basé sur les séquences initiées par le violon de Hans Magnus Ryan, auxquelles Sten renvoie un écho dense et limpide pour aboutir à une évolution très lente, faite d'un perpétuel flux et reflux (Treetop Drive 1). La démarche est reproduite sur Treetop Drive 2 à la manière d'une corne de brume, avant d'obscurcir de plus en plus l'ambiance sur Treetop Drive 3, un titre très marqué par l'ambient, les légers drones et le parcours resserré de l'archet sur les cordes. Le titre de clôture, Towboat, se révèle le plus abouti du disque dans la mesure où il symbolise toute la capacité de Deathprod à révéler une force considérable à partir d'un climat embrumé: d'un démarrage ténébreux dans les graves sur lequel on perçoit déjà certaines sonorités entrevues par la suite chez Supersilent, suit une longue ascension vers un final noir et puissant.
Imaginary Songs from Tristan Da Cunha se réfère à une île de l'Atlantique sud (la plus éloignée des continents) : isolé et sauvage, cet environnement est illustré par la fébrilité du violon de Ole Henrik Moe (pour accentuer l'effet, les pistes ont été transférées sur des cylindres de phonographes). Ce troisième disque s'achève sur une des pistes les plus remarquables du coffret, The Contraceptive Briefcase II. Sur ce set live d'une demie-heure enregistré en 1996, Deathprod fait souffler un courant envoutant sur le violon, le theremin, les résonances du verre et un quintet de voix que l'on pourrait imager par une transposition de Charalambides dans le registre ambient : un titre pétrifiant qui force au silence religieux pendant son écoute... du moins jusqu'à l'ovation finale du public.
Le couronnement intervient néanmoins sur le dernier disque, Morals & Dogma, enregistré entre 1994 et 2000 (cet album est aussi sorti en 2004, indépendamment du coffret) : ces quatre pistes constituent le véritable aboutissement de la démarche de Deathprod. Particulièrement riches et homogènes d'un point de vue qualitatif, ces compositions marquent l'instant où Sten tire la quintessence des techniques entrevues précédemment. Elles juxtaposent le violon (présent sur toutes les pistes), l'harmonium (Orgone Donor) et la scie musicale (Cloudchamber) dans un système parfaitement maîtrisé. Morals & Dogma se place aussi en lieu de diversité, entre ambiances atmosphériques (Tron), moments hantés (un Dead People's Things poignant) et ambient d'une force rarissime (Cloudchamber), auquel il faut rajouter Orgone Donor, le titre où le violon s'exprime dans sa plus haute définition.
Si Morals & Dogma est à considérer comme une sortie primordiale de 2004 en matière de dark ambient, ce coffret dépasse amplement la condition d'"objet pour hardcore fans": d'une part, il couvre idéalement l'évolution de Helge Sten au fil des années et d'autre part, il contient suffisamment de pièces brillantes pour que l'on puisse en justifier une haute recommandation. Ce boxset incarne une formidable représentation d'un artiste-clé de la scène ambient des années 90, il constitue aussi un probable épilogue puisque dans un récent entretien, Helge Sten confiait qu'il s'agirait vraisemblablement de sa dernière réalisation en tant que Deathprod, son projet principal étant devenu Supersilent.
Webzine Mille-Feuilles
Norwegian producer Deathprod is the mad scientist of ambient music. Armed with his self-described “audio virus” – an aural Pandora’s box of decomposing electronics, primitive samplers and all things drone and hiss – Helge Sten has tweaked and twiddled himself into the all to rare position of being an unyieldingly original ambient composer. Furthermore, Sten began piecing together his haunting collages over a decade ago, well before the current boom in all things minimal.
This self-titled set, released on Oslo’s superb Rune Grammofon, collects four CDs of Sten’s work under the Deathprod moniker. Morals and Dogma, the first Deathprod release in eight years – and only disc available individually – is a mammoth album. Yet, the meat of this set lies in its wealth of early material, providing the listener with the chance to study how Sten has refined (or in some cases, not) his sound during the past 15 years.
Reference Frequencies, Treetop Drive and Imaginary Songs From Tristan da Cunha, the three albums that round out the set, offer a commanding look into Deathprod’s dense world of sound.
Spanning 1991-2001, Reference Frequencies is the most varied of the discs, containing an overview of Sten’s metamorphosis from conjuror of tremendous roars, to mastermind of delicate drones. The four “Reference Frequencies” pieces contained, (“#3,” “#7,” “#8” and “#5”), are raw, loud examinations of noise, examples of Sten’s earliest work under the Deathprod name. “Reference Frequencies #8” begins with a cavernous cry like the sound of a foghorn bleating into an impossibly dark night. As the track progresses, the sound is corrupted, spiking and sliding into often terrifying waves. The four electronic improvisations were recorded directly to cassette, using skeletal, basic equipment. Both source material and recording process imbue the tracks with touches of the minute curving and failings of sound that dominate Deathprod’s later work. “Recording the Jürg Mager Trio: La Luna,” and “Recording the Jürg Mager Trio: A Shortcut to the Stars,” from August ’95, find Sten on Hammond organ and test oscillator, joined by drummer Bent Sæther and organist/percussionist Hans Magnus Ryan. Recorded live to two-track, the pieces are swinging, proto-post-rock instrumentals. In the latter, Sten’s oscillator screams forth from the bed of spiked Hammond swirls and skittering percussion, soaring through a spine-tingling melody.
“6:15” is a collaborative piece with American poet Matt Burt. As Burt recites his verse in a syncopated, almost computer-clipped voice, Deathprod provides accompaniment in the form of a near-silent, digital “shhh.” The final cut, “Dora,” is a duet with Ole Henrik Moe on violin, providing the perfect primer for the work found later in the set.
Treetop Drive, recorded between 1993 and ’94, features four collaborations between Deathprod’s audio virus and Ryan’s violin. “Treetop Drive 1” finds a single chord rising and falling in a damaged wave as squeals and slants of processed violin fly overhead. “Treetop Drive 2” repeats the formula, setting a shrill burst in place of the first track’s soothing undulation. An impossibly low rumble blurts out in reply, creating a sinister call-and-response. The closing “Towboat” is the record’s most expressive moment. Here, Deathprod demonstrates the pinnacle of his ability to transform an orchestra of the blackest sounds into a transcendent epic.
The 40-minute Songs From Tristan da Cunha, from 1996, is Deathprod’s homage to the world’s most remote island. Poking through the most distant reaches of the South Atlantic, and nearly inaccessible to tourists and visitors, the island epitomizes isolation. Using sampled field recordings of Moe’s violin, Deathprod provides a soundtrack to this nearly inhospitable volcanic mass. With each note mangled by his audio virus, Deathprod had the tracks transferred to phonographic cylinders, increasing the otherworldly creaking and cracks. Yet, while Deathprod creates a work indebted to the island’s loneliness, he also captures its rare beauty. The wintry calls of “Boatharbour Bay” and airy clangs of “Hotentott Gulch” define this windswept wasteland.
Songs From Tristan da Cunha’s final track, “The Contraceptive Briefcase II,” utilizes a quartet of musicians on “voice and glass.” Moe’s violin is also present and Deathprod adds Theremin to his arsenal. The piece is a grand summation of the themes resonating through the album. Sten casts sprays of digital fuzz into the air, bathing the wordless female vocals in washes of sound.
Finally, Morals and Dogma showcases some of the most glacial of Deathprod’s works. Album centerpiece “Dead People’s Things” finds Ryan coaxing unearthly rattles and shivers from the strings of his violin. The 20-minute track, recorded in 1994, creeps forward with Deathprod adding haunting howls from his test oscillator. It is an exercise in extreme subtlety, a massive, frigid composition.
“Tron” and “Cloudchamber” were both initially recorded for Kreutzer Kompani’s dance performance Vaakum. The former features the usual pairing of Moe’s violin and audio virus, while the later finds Moe switching to saw. “Tron” is much like “Dead People’s Things,” an epic construction of subliminal shifts and billowing noise. “Cloudchamber” is crafted from grand rumbles, evoking stormy climatic ruptures and the titanic crash of thunder.
Designer Kim Hiorthøy’s brilliant black-on-black packaging provides the perfect home for this collection of mind-bending art. While Deathprod has proven himself to be an engaging improvisor with death-jazzers Supersilent and a talented engineer, he is clearly most at home hovering in his studio allowing his virus to chew away at a world of unsuspecting sound.
Dusted Review
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1 commentaire:
thanks! i never listened to the 4 cd verison of this. much appreciated! also thanks for the Kiritchenko! :)
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