Affichage des articles dont le libellé est Bluesanct. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Bluesanct. Afficher tous les articles

mercredi 25 février 2009

The Iditarod - The Ghost, The Elf, The Cat And The Angel (Bluesanct, 2002)



1 The Roots Of The Butterfly Bush (3:31)
2 Black Strung Bow (1:00)
3 Afternoons Like This Are Hard To Come By (7:22)
4 Raga (In D#) (6:44)
5 Cycle Circle (4:40)
6 The Falling Of The Pine (9:54)
7 Ich Tanzte Weit (2:09)
8 New Magic In A Dusty World (1:58)
9 Let No Man Steal Your Thyme (3:55)
10 The Nameless One (4:08)
11 Unfortunate Lass (5:40)

Le Fantôme, l’Elfe, le Chat et l’Ange. Vase programme que celui du deuxième album de ces Américains de Rhode Island, The Iditarod et une des photos de pochette les plus belles, inspirante et bucolique.

Ca n’étonnera personne, les préoccupations du quatuor sont assez éloignées de celles de toute modernité musicale actuelle. Ils pourraient risquer de tomber dans un revivalisme à la 4AD / This Mortal Coil / Piano Magic ou à la ESP / Pearls Before Swine mais ils s’en gardent également, pas de clins d’œil, pas de tentations avouées. L’univers de The Iditarod est plutôt un quelque part à situer aux confins des territoires d’Appendix Out et de Movietone, une sorte de lien manquant mais pas seulement ça.

The Iditarod ne se contente pas de remplir une case, il défriche coûte que coûte, aussi avant gardiste que porteur de racines profondes, à la recherche d’une expression intime et pleine de sens, troubadours folk et mélancoliques des temps modernes.

Leur musique est le résultat d’un travail complexe, ils s’emploient à revivre des sensations enfouies, à réinvestir certaines pulsions ancestrales découvertes dans des musiques traditionnelles et nous les rapporter. Ecouter ‘the Ghost, the Elf, the Cat and the Angel’ c’est comme goûter l’eau froide d’un calice qu’on est allé remplir à la fontaine d’une vallée enfouie au coeur de la montagne, jadis habitée mais retournée à la vie sauvage.

Quand The Iditarod s’ouvre à une démarche plus expérimentale, utilisant l’électronique, ce n’est jamais dans une perspective hi-tech ou strictement rythmique idm ou néo-new wave, non, c’est en embrassant globalement une sphère d’émotions, d’inspirations, de sentiments et de retenue. Totalement à part, plutôt inventeurs d’un nouveau genre que nouveau groupe dans la masse.

C’est le genre de disque qui comblera tout à fait les fans de musique slowcore, d’un certain folk seventies enfoui ou de lointaine inspiration gothique, à la recherche d’une musique somnambule, hors des sentiers battus, faite de mises en perspective, de poésie et d’humilité

The Iditarod fait œuvre de musique légère et volatile, rêveuse mais terrienne, qui sait tirer de nouvelles chose d’un assemblage des plus vastes et originaux, fait de guitares, chants, verres à vin, moog, tambourin, sonnettes, cymbales à doigts, chimes, banjo, phonograph, singing bowl, electronics, percussions, viole, bouzouki, dulcimer, orgue, musical saw ou encore glockenspiel.

Ils vont plus loin que l’énorme majorité des groupes dans cette recherche et direction, mais cela ne se traduit jamais par un effet d’esbrouffe, chaque instrument, chaque sonorité trouve sa place dans l’ensemble sans chercher à attirer l’attention sur lui. Folk déconstruit mais à la recherche de nouveaux standards propres.

Même si Carin Wagner est la voix de quasi tous les morceaux, elle sait avec talent ne pas prendre le leadership du groupe et s’inscrire au cœur d’une direction musicale plus globale. Ni trop terrienne, ni trop éthérée, elle choisit la demi-ombre pour s’ouvrir telle une fleur fragile aux couleurs fortes et douces. The Iditarod offre autre chose que des chansons, un univers sans pareil, hanté, mystérieux et chaleureux, une densité rare, une luminosité nette, on sent la chaleur du soleil sur notre visage, on détourne les yeux du soleil, on cherche le repos sous les branches d’arbre, assis sur de vieilles pierres à contempler ce qui nous entoure.

S’il y a du psychédélisme alors il est léger, il est dans la recherche d’atmosphères propres à celles qu’on imagine retrouver au cœur des vieilles forêts d’Europe, mais quand même cousin lointain de celui plus expérimental que l’on retrouve chez Six Organs of Admittance ou Steffen Basho Junghans.

‘The Roots of the butterfly bush’ est une entrée en matière faite en douceur, folk song fiévreuse, on la suit comme on pénètre à l’intérieur d’une forêt par un petit sentier accueillant et sinueux mais qui peut être aura trop vite fait de nous perdre. Le violoncelle fait office de lampe que l’on suit dans le lointain, que l’on essaie vainement d’atteindre. On imagine presque entendre le frémissement des feuilles. La chanson est dédiée à « Dust », un chat mort qui accompagna un temps la vie de Carin Wagner. Peut-être que quelque part encore l’âme du chat erre dans la forêt à la chasse de quelque rongeur. Suit un court morceau instrumental, ‘Black strung bow’, un peu raga, un peu expérimental.

Nouvelle folk song à la tension sous-jacente, ‘Afternoon like this are hard to come by’ où The Iditarod nous laisse voir son empire de nuances et l’étendue de son talent. Une plage de sept minutes qui n’a rien à envier à Movietone. Lente déambulation, mélodie méditative, chant chaleureux qui invite à fermer les yeux pour imaginer des paysages ruraux ou forestiers, une certaine nature libre et épanouie. Composition hantée qui nous laisse déambuler dans son univers. Quelques instants pour échapper à la réalité et se perdre dans un autre monde.

Sur l’instrumental ‘Raga (in D#)’, The Iditarod explore une sphère plus expérimentale, drone bucolique de plus de six minutes où les percussions rappellent le chant de criquets et ou le violoncelle évoque les craquements qu’un grand arbre peut produire lorsque soumis à un vent léger. Un peu moins de sept minutes d’abandon et de rêverie, sieste d’après-midi d’été, adossé à un arbre, quelque part au milieu de nulle part, à mi-chemin d’une randonnée. Le genre d’instants que l’on voudrait éternel et où s’échappant quelques instants du monde, on se prend à rêver à de vieilles légendes.

Un peu plus de modernité avec ‘Cycle circle’, manipulations électroniques et voix tendant vers l’incantation avec un léger parfum gothique réminiscent de certaines productions du label Kranky. Flotte une atmosphère d’inquiétude et de danger propre aux confessions intimes.

Suit la plus longue plage du disque, ‘The Falling of the pine’ qui s’étend sur un peu moins de dix minutes, longue folk song enveloppante et envoûtante, le genre dans lequel The Iditarod excelle et trouve sa place justifiée entre le confort acoustique d’Appendix Out et l’éther protégé de Movietone, au cœur de la forêt, porteur d’une lampe fragile que le vent menace à tout moment d’éteindre. Légère inquiétude mais en même temps confiance profonde accordée à la forêt et à ses esprits, l’inspiration d’origine vient d’une vieille chanson traditionnelle danoise.

‘Ich Tanzte Weit’ est une collaboration avec le duo allemand Fit & Limo. Une mélodie à la guitare jouée par Jeffrey Alexander de The Iditarod sur laquelle les Allemands on ajouté le reste : bouzouki, chant, dulcimer, orgue et glockenspiel. Le résultat est vibrant, un peu féerique même et donne envie de connaître un peu mieux ce que ces Allemands composent eux-mêmes.

Improvisation à la guitare passée au travers d’expérimentations électroniques, ‘New Magic In a dusty world’ joue à merveille son rôle de respiration et d’intermède, deux minutes durant.

The Iditarod montre alors pour la fin du disque un visage plus ancestral en reprenant un traditionnel folk, ‘Let No Man steal your thyme’ peut-être moins passionnant que leurs chansons propres mais ajoutant une dimension supplémentaire à leur riche panel évocateur.

Nouvelle plage improvisée et instrumentale avec ‘the nameless one’ où l’on réalise combien celles-ci ont finalement d’importance dans l’équilibre global du disque, respirations et instants de rêveries dont le plus grand intérêt est d’accroître la densité de l’ensemble et son haut pouvoir de dépaysement.

Il est déjà alors temps de se séparer avec une dernière chanson traditionnelle, ‘the unfortunate lass’ ou The Iditarod embrasse plus que nulle part d’autre sur l’album la geste folk seventies.

Magnifique album au total qu’on ne saurait trop conseiller à tout fan de songwriting profond, mélancolique et rêveur. The Iditarod est un groupe à suivre absolument, à la fois héritier des traditions ancestrales et porteur d’un souffle nouveau.
Derives

'There's no way I can count them all, the stories and legends I made up as a kid while I was walking in the forest right next to my family's house. It wasn't necessarily one of those mysterious forests with ancient trees, rather a green area that some clever city planner thought it'd be a nice idea to save from exploitation. No matter that, I always felt at home there. That was where I found solace at dark times and those gigantic silhouettes seemed like the perfect setting for my imaginary stories. I have a feeling Providence ensemble The Iditarod shares my affection for trees, as their folky soundworld in a strange way brings me back to those innocent days. In "The Roots Of The Butterfly Bush" an acoustic guitar slowly finds its way through the trees and in its footprints Carin Wagner's vocals envelope fogbanks of spectral mystery. As the cello comes and goes the roots of the tree I'm staring at seem to be moving right before my eyes. The album is overflowing with intensely beautiful folk songs that have probably existed all throughout musical history, but it takes musical geniuses like these people to know where to find them and make their own unique interpretation of the style. In addition to this, we get the instrumental masterpiece "Raga (In D#)" which would have fit perfectly on Pelt's milestone double album Ayahuasca. Given my praise of that recording you should know that you are in for some serious inner mind exploration if you turn this one up loud, which I fully endorse you to do. Other tracks find them getting lost (in a good way) and found somewhere in-between the structured and the droning. This is one of the finest recorded musical moments of 2002. Dark and majestic yet fragile, just like nature itself.
Broken Face

buy

try